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J'capote!
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand on va en pharmacie, c’est presque impossible de trouver une liste d’ingrédients sur les boites de préservatifs.
On retrouve le composant principal, en cas d’allergie au latex, et c’est à peu près tout. Sur les sites Internet des compagnies de condoms, même chose. Faut fouiller pas mal pour mettre la main sur une question de la FAQ qui aborde les ingrédients. Pis là, c’est pas encore gagné : souvent, ça reste incomplet ou obscur (genre : notre formule XYZ™). Pour le reste ? Niet, zip, nada. Silence radio.
« Ça date probablement d’une époque où ce type d’information n’était pas nécessaire », présume la co-fondatrice de la compagnie canadienne de condoms Jems, Whitney Geller, qui rappelle que ce manque de transparence touche aussi les produits d’hygiène féminine (Prenez une boîte de tampons, pour voir).
« Cela a été notre déclic », explique-t-elle au sujet des valeurs au sein de son entreprise. « Nous voulions savoir ce que contenaient les préservatifs, surtout quand on sait qu’ils sont utilisés autour des organes reproducteurs. » Rappelons que les organes reproducteurs absorbent particulièrement rapidement les produits chimiques…
Moi aussi, ça a été mon déclic pour écrire cet article.
Selon les données de Asthma and Allergy Foundation of America de 2024, 4,3 % de la population américaine aurait une allergie au latex. Sans remettre en cause son existence, ce chiffre relativement bas est un argument de plus pour la transparence, selon Whitney. Elle croit que « si les gens réagissent aux préservatifs, ce serait en partie à cause des différents additifs qu’ils contiennent, et que nous avons éliminés de notre produit ». On parle par exemple de parfums, de spermicides, de conservateurs, d’agents liants ou de colorants. Santé Canadareconnaît d’ailleurs que l’utilisation du spermicide de type Nonoxynol-9 dans les lubrifiants peut augmenter les risques d’infections en irritant les tissus à l’intérieur du vagin ou du rectum. Cela dit, le ministère réitère qu’une protection pas idéale vaut mieux qu’aucune protection pantoute.
Enfin, connaître les ingrédients, c’est aussi faire un choix en ce qui concerne la dégradabilité du produit.
Avec tout ça en tête, voici une liste de condoms, approuvés par Santé Canada ET qui semblerait écoresponsable. Vous êtes prêt·e·s ?
Avant de vous la présenter, je trouvais important de mentionner les catégories disqualifiées.
En premier, les condoms en intestin d’agneau (oui, ça existe encore). Ça ne protège pas contre les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS). Et vous devez vous en douter, mais oui, ils sont entièrement biodégradables. ET c’est pas végane, évidemment.
En second, les condoms en en latex synthétique (polyisoprène) ou autre alliage de plastiques (polyuréthane, nitrile). Ils prennent plus de temps à se dégrader dans l’environnement, et la grande majorité des compagnies qui les fabriquent ne dévoilent pas la liste complète des ingrédients. Ce seraient cependant les condoms à privilégier pour ceux et celles qui ont une allergie au latex.
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Bon, je vais arrêter de branler dans le manche.
Voici notre liste de marques transparentes au niveau des ingrédients ET approuvées par Santé Canada :
Nom :Jems condoms (Ontario)
Ingrédients : latex naturel, lubrifiant 100 % en silicone, ainsi que des traces de poudre d’amidon de maïs et de carbonate de magnésium utilisée dans le processus de fabrication
+ : végane et sans gluten
Nom : Slipp(Ontario)
Ingrédients : latex naturel, lubrifiant 100 % en silicone
+ : végane
Nom : Lelo HEx (Suède)
Ingrédients : latex naturel, lubrifiant à base de silicone. Le lubrifiant est à base d’eau et contient de l’huile de silicone.
+ : végane
C’est tout ce qu’on a pu trouver, selon nos critères. Vous avez peut-être remarqué que les marques mentionnées se retrouvent surtout en ligne. En fait, à Montréal, je ne les ai pas vues en pharmacies. On peut espérer qu’éventuellement les compagnies plus traditionnelles vendues en magasin changent leur fusil d’épaule et commencent peu à peu à modifier leur façon de faire. D’ici là, vous serez un peu mieux informé sur le sujet.
Parce que certaines compagnies utiliseraient de la caséine, une protéine de lait de vache ou de chèvre qui rendrait l’instrument plus doux (hé oui, selon Santé Canada, les condoms tombent dans la catégorie « instruments médicaux »).
Fait que ne pas dévoiler les ingrédients met aussi à risque les personnes qui pourraient être allergiques à la caséine.
Pour plus de plaisir et moins de friction, la majorité des compagnies de condoms ajoutent du lubrifiant à la paroi externe de l’instrument médical. Il existe des alternatives sans lubrifiant. La compagnie allemande FAIR SQUARED précise aussi avoir fait le choix de ne pas lubrifier ses produits, et de seulement les recouvrir d’un revêtement en poudre de maïs, pour qu’ils se désintègrent plus rapidement dans l’environnement.
Parce qu’en effet, le silicone n’est pas une matière biodégradable. Cela dit, avec l’état des recherches actuelles, la communauté scientifique ne s’inquiète pas de son utilisation dans les gels et crèmes, parce qu’il ne pose aucun risque pour les humains. De plus, même si le silicone ne peut pas être défait par des organismes vivants (biodégrable), il demeure dégradable, c’est-à-dire que l’environnement peut le désintégrer.
Le plus important demeure la protection. Selon la scientifique en développement durable Dr Akinsemolu, citée dans un article de la BBC de 2021 : « Les pratiques sexuelles sécuritaires, que l’on utilise ou non des produits respectueux de l’environnement, sont les plus durables pour les personnes et la planète à long terme. »
Comme dirait le magazine du consommateur averti, protégez-vous !
Conseil - Rebecca Dziedzic
Design - Julien Baveye
Développement - Vincent Rouleau